Bar Royal<br >Du mess de l"n6tel Majestic au Bar Royal， la route s ~tire tout au bord<br >de lamer en une eourbe de cinq kilom~tres de long. La lune n est pas<br >encore levee. Pourtant le p~le ruban de la route est ais6ment recon-<br >naissable.<br > Le commandant fonce ~ tombeau ouvert， on dirait qu on participe<br > un rallye en ~locturne. Mais il lui faut brutalement passer de l acc6-<br >16rateur au frein. Les pneus crissent. Freiner， l~cher， freiner ~ fond.<br >Le vieux fait 9a tr~s bien et la grosse voiture s arr~te sans chasser<br >devant un type qui gestieule comme un fou. Unfforme bleu. Calot de<br >maitre. L insigne sur la manehe ? -- Patron I<br > Pagayant avec les bras， il se tient juste ~ c8t6 de nos phares. On<br >ne volt pas son visage. Le commandant s appr~te ~ repartir en douceur<br >mais le patron tape du plat des mains sur le eapot et braille : ~ Gentille<br >alouette， je te plumerai le bec !<br > Pause， puis gr~le de coups sur le eapot et， une deuxi~me fois:<br >~ Gentille alouette， ie te plumerai le bec I<br > Le commandant fait la grimace. Est-ee qu il va exploser ? Non，<br >il met en marehe arri~re. La voiture fait un bond et je manque me<br >planter dans le pare-brise.<br > Puis la premiere. Slalom. Les pneus qui hurlent. La seconde.<br > C ~tait notre num~ro un I m apprend le commandant. Compl~-<br >tement bourr~.<br > L ing~nieur m~canicien， assis derriere nous， jure dans sa barbe.<br >A peine a-t-on repris de la vitesse que， de nouveau， il faut freiner. Mais<br >eette lois e est moins urgent ear on distingue d assez loin， dans nos<br >phares， une rang~e d hommes ~ fls sont au moins dix qui vacillent au<br >beau milieu de la route. Tous marins en tenue de sortie.<br > Tandis qu on se rapproche je constate qu ils ont d~fait le rabat<br >de leur pantalon et exhibent leur p~nis ruisselant.<br > Le vieux donne un coup de klaxon. La rang~e se seinde en deux<br >et nous avan~ons entre la double hale qui nous compisse.<br > 11<br >