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En résumé : "Mélancolie, génie et folie en Occident"

Aucune disposition de l'âme n'a occupé l'Occident aussi longtemps et continûment que la mélancolie. Ce catalogue d'exposition se propose d'introduire ses lecteurs à cette richesse encore mal connue.

L'avis de la Fnac sur "Mélancolie, génie et folie en Occident"

Mélancolie, génie, folie : l'Occident a pris depuis longtemps l'habitude d'associer ces trois notions. "La mélancolie est double. Affection de l'esprit, c'est une humeur du corps. Son nom évoque un vague à l'âme, une fumée qui assombrit la pensée et le visage, un voile jeté sur le monde, une tristesse sans cause. Mais il désigne aussi une entité physique, une matière visible, un corps sensible, un liquide doté de propriétés spécifiques, de couleur noire, de composition diverse et d'effet nocif quand elle est "aduste", c'est-à-dire brûlée : c'est la bile noire, que secrète la rate. Cet organe qu'en anglais on appelle spleen est alimenté, selon Galien, par la veine splenitis, par laquelle on pratique la saignée du mélancolique. La veine "splénitique" donnera plus tard son nom à la forme moderne de la mélancolie, celle qui, de Keats à Baudelaire, frappera les dandys de l'âge romantique."

Commencée en Grèce à l'aube du IVe siècle avant J.-C., au moment où philosophes et médecins s'efforcent d'expliquer les désordres de l'esprit, l'histoire de la mélancolie a traversé celle de l'histoire du monde occidental. Des stèles antiques à Albrecht Dürer, de Lucas Cranach l'Ancien à Caspar David Friedrich, de Arnold Böcklin à Giorgio de Chirico et Edward Hopper, les arts visuels en ont exprimé la douceur et la violence, la prostration et la furie, la rêverie et le désespoir. Complément indispensable de l'exposition qui se déroule jusqu'en janvier 2006 aux galeries nationales du Grand Palais, ce catalogue propose une réflexion unique sur le sujet.

Mot de l'éditeur sur "Mélancolie, génie et folie en Occident"

Aucune disposition de l’âme n’a occupé l’art d’Occident aussi longtemps et continûment que la mélancolie. Le sujet reste au cœur des problèmes auxquels l’homme est aujourd’hui confronté et touche à de nombreux domaines, de l’histoire à la philosophie, de la médecine à la psychiatrie, de la religion à la théologie, de la littérature à l’art. La mélancolie, par tradition cause de souffrance et de folie, est aussi, depuis Aristote, le tempérament des hommes marqués par la grandeur : les héros et les génies. Sa désignation même comme « maladie sacrée » implique une dualité. Mystérieuse, la mélancolie l’est toujours. D’un côté, elle est soumise, sous son appellation de « dépression », à une approche médico-scientifique. D’un autre, certains historiens comme Jean Starobinski et Wolf Lepenies voient en elle une mise à distance de la conscience face au « désenchantement » du monde. L’iconographie de la mélancolie est d’une stupéfiante richesse, qui va de la douceur à la furie, de la prostration à la violence, de l’abattement au suicide. Il n’est donc pas étonnant que ce soit l’histoire de l’art qui ait su la première fournir les bases de cette nouvelle approche du malaise saturnien. À travers plus de 200 œuvres, ce livre extrêmement documenté offre un large panorama de ses représentations, en montrant la permanence et les variations de cette humeur sacrée. Des stèles antiques à l’époque actuelle, il montre comment elle a façonné le génie européen.